Quelle étrange ironie...songeait elle en survolant les plaines qui conduisaient à la demeure de la table carrée...et de l'ironie dans cette situation, il y en avait à revendre...la table carrée...elle se souvenait encore parfaitement de l'altercation qu'elle avait eu à propos d'un angelot qui sans s'embarasser de formalités avait jugé bon de renvoyer manu militari, un de leur membre, entré sans visa au paradis.
Elle se souvenait parfaitement des pensées qu'elle avait formulé alors, de la réalité qui lui était apparu sur l'espèce humaine et qui n'avait eu de cesse de se confirmer depuis lors : leur immense frustration, ce besoin de posséder la terre à l'instar du lien que les anges avaient de part leur nature spirituelle avec l(eden...ce qu'elle avait pressenti de ce besoin irrépressible qui agitait ce peuple. Leur liberté se devant de faire l'épreuve de l'altérité, leur besoin de trouver une place, la nécesité à leurs yeux de comparer l'incomparable, afn sans doute de trouver leur place.
Voilà ce qu'elle avait conclu à l'époque de ce qu'elle avait jugé comme une mascarade mûrement réfléchie de la part du chevalier de la table carrée.
Et l'être qui en était l'instigateur en ce temps n'était autre que le fougueux Ernalde de Lourdoyant...
Elle se rappellait parfaitement également, de la tempérance de soursilvayen de Lauxoi, aussi diplomate que son accolyte était fier...deux tempéraments opposés réunis sous la même bannière et sans doute sous un destin conjoint.
Décélérant à la vue des tourelles de la table carrée, elle se posa lentement à une demi-ailée de la citadelle, préférant finir à pied le chemin qui l'en séparait et s'avança sur le sol qu'une pluie automnale, avait rendu humide.
Elle exhuma du pan intérieur de son chasuble, la missive qui lui était parvenue, paraphée par Soursilvayen de Lauxoi...la relut rapidemment...s'empêchant pour l'heure de laisser se creuser le puit d'interrogation que suscitait les quelques lignes...estimant sans doute, qu'il serait plus profitable de juger sur pièce, de la teneur réelle de cette réunion. Sans doute également car son tempérament ne l'avait jamais porté à ruminer le passé. L'avenir lui étant toujours paru infiniment plus riche de possibles.
Aussi c'est dénuée de préjugés, que l'Archange arriva au seuil de la pièce.
Deux silhouettes pas tout à fait étrangères l'avaient précédé.
Les ailes repliées dans son dos, elle salua son confrère Aston, et inclina la tête devant Cybella...songeant furtivement, qu'elle avait dû puiser dans ses réserves de courage pour surpasser la mort de son illustre compagnon, et répondre à son devoir.
C'est à Ernalde de Lourdoyant néanmoins qu'elle adressa ses premiers mots
Mes salutations Ernalde de Lourdoyant...Qui eut cru que je vous reverrai dans ces conditions, farouche chevalier...?
esquissant un sourire entendu elle rajouta sur le ton franc qui la caractérisait
Puisse cette fois notre rencontre se dérouler sous les auspices d'une juste et constructive neutralité.